Trajet ferme ses portes dans le cadre d’Engagez-vous pour le communautaire


Aujourd’hui, le 13 mars 2018, Trajet, organisme communautaire, interrompt ses services dans le cadre du mouvement Engagez-vous pour le communautaire, qui demande que le gouvernement soutienne adéquatement l’action communautaire autonome par l’augmentation de son financement et le respect de son autonomie, tout en réinvestissant dans les services publics et les programmes sociaux, dans le but d’améliorer les conditions de vie de la population et d’assurer le respect des droits.

En tant qu’organisme de justice alternative, Trajet contribue au fonctionnement du système de justice pénal pour les adolescents, puisqu’il a pour mandat d’appliquer certaines mesures judiciaires et extrajudiciaires. Pour cela, nous travaillons en partenariat avec plus de 400 organismes communautaires de Montréal qui ont accueilli 3 766 adolescents sur les cinq dernières années, ce qui représente 146 000 heures de travail bénévole. Sans ces organismes et les personnes de bonne volonté qui supervisent les adolescents, nous ne pourrions accomplir notre mission.

Voici les quatre grandes revendications du milieu communautaire.

1) Le rehaussement significatif du financement à la mission globale des 4 000 organismes communautaires autonomes et l’indexation des subventions à la mission globale :

Le milieu communautaire réclame 475 millions de dollars pour 4 000 organismes.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux est le seul à indexer sa subvention aux organismes communautaires chaque année. Toutefois, cette indexation n’a été que de 0,7 % en 2017, soit inférieure à l’augmentation de l’IPC (1,6 % en 2016-2017). Le mouvement demande que le ministère utilise le même calcul que celui utilisé pour l’indexation des montants accordés aux établissements du réseau de la santé et des services sociaux, qui était de 3,25 % en 2016.

Or, une indexation n’est pas une augmentation, et ce sous-financement répété année après année signifie un appauvrissement progressif des organismes communautaires. Les 475 millions demandés permettraient de rattraper la différence et de consolider les équipes en place et les services à la population.

2) Le respect de la Politique de reconnaissance de l’action communautaire :

Certains services qui étaient auparavant assurés par l’État le sont maintenant par les organismes communautaires, qui ne bénéficient pas pour autant d’un financement adéquat. La recherche de financement prend de plus en plus de temps aux gestionnaires d’organismes, au détriment de l’accomplissement de leur mission, et la compétition est de plus en plus rude. En parallèle, l’État multiplie ses exigences envers les organismes, les contraignant parfois à adapter leur fonctionnement pour y satisfaire.

En adoptant la Politique de reconnaissance et de soutien de l’action communautaire en 2001, l’État s’est engagé à valoriser, promouvoir et soutenir l’action communautaire. Au-delà des mots, nous demandons qu’il respecte ses obligations en assurant un financement suffisant aux organismes communautaires et en respectant leur autonomie.

3) La reconnaissance de l’action communautaire autonome comme moteur de progrès social :

Les organismes communautaires assurent des services essentiels à la population dans les domaines de l’éducation, de la famille, de la défense collective des droits, de la sécurité alimentaire, du logement, de l’immigration et de l’accueil des réfugiés, de l’environnement, de la santé et des services sociaux, de la culture, des sports et loisirs, dont certains (se nourrir, se loger, se vêtir) relèvent des droits humains fondamentaux. Ces organismes ont été durement touchés par la politique d’austérité menée ces dernières années. Or, ces coupures budgétaires touchent autant les bénéficiaires que les employés des organismes, dont une grande part reçoit un salaire inférieur à 15 $ de l’heure.

Le milieu communautaire, ce sont 4 000 organismes qui emploient 55 000 personnes et mobilisent 100 000 bénévoles. Sous-financer les organismes communautaires, c’est maintenir les plus vulnérables dans la pauvreté et les priver de services. La politique de sous-financement affecte principalement les femmes, qui représentent 80 % des travailleurs du secteur et qui sont les plus nombreuses à bénéficier des services.

Il est primordial que le gouvernement assure un financement suffisant aux organismes communautaires pour permettre aux travailleurs d’avoir des conditions de travail décentes et garantir que les citoyens reçoivent les services dont ils ont besoin.

4) La campagne réclame également la fin des compressions dans les services publics et les programmes sociaux :

Les coupures budgétaires ont principalement affecté les services publics et sociaux et le milieu communautaire. Les 475 millions demandés par le milieu communautaire sont à mettre en rapport avec les chiffres de l’évasion fiscale au Canada (qui pourrait s’élever jusqu’à 300 milliards de dollars), ou encore avec l’aide publique accordée à certaines entreprises privées ou certains groupes spécifiques.

Comment interpréter cette différence de traitement ? Les groupes communautaires ont pourtant fait la preuve de leur sérieux en matière de gestion et du rôle essentiel qu’ils jouent au sein de la société. Pourquoi le gouvernement ne respecte-il pas ses engagements en assurant le financement nécessaire au milieu communautaire ?

En refusant de les financer à leur juste valeur, le gouvernement perpétue, voire renforce les iniquités sociales. Est-ce vraiment le futur que l’on souhaite pour le Québec ?

Trajet, organisme communautaire de justice alternative